Ségolène Royal : "Jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux."
Pionnière avec Handiscol |
Le débat entre Ségolène Royal et le candidat de la droite a permis de mettre en lumière la scolarisation des enfants handicapés. Le candidat de la droite a proposé le droit des parents d'un enfant handicapé à se rendre devant un tribunal pour exiger l'accueil de leur enfant à l'école publique. Une proposition absurde, les mères et les pères de ces enfants ayant bien d’autres problèmes que de se battre pour une place de crèche devant un tribunal. Et les tribunaux étant déjà bien occupés. Ségolène Royal a rappelé qu'elle avait créé le Plan Handiscol, favorisant la scolarisation des enfants handicapés, qui s'est accompagné de la création de "7000 postes d'auxiliaires d'éducation". Postes qui ont été supprimés par le gouvernement du candidat de la droite. "Moins d'un enfant [handicapé] sur deux n'est plus accueilli dans les écoles" par rapport cinq ans plus tôt. Les réactions de l'UMP contestées par les associations "Depuis ce matin, j'entends des chiffres qui me font bondir. C'est affligeant !", déclare à LCI.fr Stephen Creton, vice-président de C'est mon école à moi aussi, association de parents qui milite pour la scolarisation des enfants handicapés ou "porteurs de maladies invalidantes". "Il y a plus d'enfants handicapés inscrits à l'école mais il faut voir dans quelles conditions", pointe-t-il. Les auxiliaires issus d'associations qui s'occupaient de ces enfants ont été remplacés par "des auxiliaires d'Etat, moins nombreux et pas formés", assure ce médecin urgentiste, père de deux enfants handicapés. "Il ne doit pas y en avoir plus de 500 pour 20.000 enfants", estime-t-il.Dans certains cas, l'accompagnement est assuré par "des chômeurs de longue durée, sans aucune compétence dans ce domaine, payés une misère, à qui l'on propose un contrat d'un an renouvelable une fois", poursuit Stephen Creton. Par ailleurs, "les enfants handicapés passent entre une et trois heures par semaine à l'école, six s'ils ont de la chance", déplore-t-il. "C'est ce que j'appelle une scolarisation alibi", poursuit-il. Conséquence : les enfants ne parviennent pas à rester au niveau, "donc, ils dégagent".Quant à passer devant les tribunaux pour faire valoir ses droits, comme le souhaite le candidat de la droite, il s'agit d'un "constat d'échec". "Les premières années d'école sont primordiales, explique Stephen Creton. Le temps de passer devant le tribunal, il sera déjà trop tard, la vie du gamin sera déjà foutue." Par ailleurs, la fédération des Associations pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) souligne jeudi que la scolarisation des enfants handicapés, "dont les premiers jalons furent posés par le plan "Handiscol" de 1999, est un droit depuis 2005 dont l'application est encore "défaillante". "Entre 10.000 et 15.000 enfants sont sans solution de scolarisation, en école ordinaire ou en établissement spécialisé", affirme dans un communiqué la fédération, qui se félicite que ce thème "entre dans le débat" de la présidentielle grâce à Ségolène Royal. Elle rappelle que les "premiers jalons" de la scolarisation des handicapés "furent posés par le plan Handiscol en 1999", lancé par Mme Royal, alors ministre déléguée à l'Enseignement scolaire. Mais la fédération affirme que l'application de ce droit "malgré des progrès manifestes", est "encore aujourd'hui défaillante" depuis 2002. L'"accompagnement des enfants est insuffisant", puisqu'on compte "un accompagnant pour 17 élèves" et "le nombre d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) et d'emplois vie scolaire (EVS) est manifestement insuffisant", dit-elle. La fédération condamne l'"insuffisante" information des familles concernées par le ministère de l'Education nationale, le déficit de formation des enseignants et personnels, et les difficultés rencontrées par les enseignants référents, "perdus dans le ‘maquis’ de l'administration". (1) Ségolène Royal était alors ministre déléguée à la famille, à l'enfance et aux personnes |